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Exposition Armand Scholtes "Le livre du monde", bibliothèque patrimoniale Romain Gary, 21 bis boulevard Dubouchage à Nice
Octobre 2020 - Février 2021

Armand Scholtès fête en 2020 ses 85 ans. Il est installé à Nice depuis le début des années 80..
Son œuvre, alimentée quotidiennement, est immense tant du point de vue de la production que de la diversité. Diversité des matériaux (cahiers, carnets, feuilles de tout format, toiles, tissus, bois flotté, boites, cartons …), des moyens mis en œuvre (gouaches, crayons de couleurs, encre de chine…), des motifs, structures, dynamiques, séries.
Si l’on excepte ses œuvres de jeunesse, empreintes du paysage social lorrain et des implications humanistes qui l’accompagnent, il puise son inspiration dans la Nature et ses Grands Ordres minéral et végétal, mais aussi dans ses déambulations citadines où il relève des traces sur les trottoirs, des fissures sur les murs, des variations de matières, formes et couleurs.
Loin des références académiques contemporaines, pratiquant l’école buissonnière des affiliations, Armand Scholtès délivre une œuvre unique qui considère Le Beau comme incarné et incarnant la nature, la fonction de l’artiste étant alors celle d’un médium et son œuvre vouée au dévoilement de la nature naturante, selon l’appellation de Spinoza.
Avec l’accélération de la destruction de la planète, sa flore et sa faune, sous la grande figure de l’anthropocène, l’œuvre d’Armand Scholtès dévouée à la beauté de l’Être perçu comme perpétuelle origine, devient en même temps un témoin et un lanceur d’alerte contre l’apocalypse annoncée. Cette œuvre géante touche ainsi aux deux extrémités du Monde : son début préhumain et sa fin post-humaine.
Cette création quotidienne ne met pas en scène l’égo de l’artiste, ses tourments, angoisses ou bonheurs. L’exceptionnalité de la représentation humaine dans l’œuvre, loin de trahir un manque ou une misanthropie, constitue tout au contraire l’aveu que l’œuvre est fondamentalement humaine de mettre en scène en quelque sorte deux mains, celle de l’artiste et celle de l’Autre - qu’il s’agisse, en amont, des parents, artistes, amis, ou en aval des spectateurs, regardeurs et commentateurs. Cette œuvre sans trace de représentation humaine est une démonstration par l’absence d’un dialogisme ontologique, de la socialité de l’Humain, son invisibilité faisant sa force d’affirmation même. Ou bien, il peut s’agir d’une vision englobante dépassant notre échelle d’appréhension, en rejoignant celle de Lévi Strauss quand il énonçait que le monde avait commencé sans l’homme et finirait sans lui. Dans les deux cas, l’œuvre d’Armand Scholtès a ainsi une dimension profondément politique.
De par son ampleur pour ne pas dire sa démesure à l’échelle d’une vie, sa richesse, sa diversité, sa pluralité énigmatique et questionnante, l’œuvre d’Armand Scholtès a appelé, tout au long de son déroulement, des lectures d’évidence, esthétiques ou en termes d’histoire de l’art, mais aussi des interrogations géologiques, scientifiques (physique des structures dissipatives ou des états de la matière, mathématiques et topologie des catastrophes, épistémologie des sciences), ainsi que des approches archéologiques, anthropologiques, et enfin des inspirations philosophiques, littéraires et poétiques.
Ces lectures développées dans des catalogues d’exposition, des présentations, des événements, commandées, mises en scène et organisés par son fils Joël Scholtès, ont donné lieu à une première tentative d’approche plus systématique et plus personnelle dans le « Codex Scholtensis » qui suit l’avancée et le déroulement de l’œuvre depuis plusieurs années sous la forme d’un dictionnaire encyclopédique de l’artiste et de sa création. L’ensemble de l’œuvre et de ses commentaires fournit un matériel de présentation d’une considérable ampleur et d’une tonalité contemporaine inédite.


