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Centre International d'Art Contemporain de Carros

2012 

Votre émerveillement devant le monde, la nature, le détail infini d’un paraclet, la variation inépuisable des rides d’une pierre, le chant incommensurable de la mer, l'inextricable fractalité de la moindre pousse d’herbe, même cette sagesse-là, qui est qui est à la source de votre inspiration/respiration du monde, ne saurait sauver de la terreur du noir, du néant et de la mort. Rien ne sauve, rien ne dure pour que tout dure éternellement. L'île sacrée peut bien chanter pour moi, cela non plus ne sauve pas. Vivez comme Meursault, prenez tout ce que l'on vous donne, tout ce qui s'offre, dite le grand oui de Nietzsche à la vie, car vous avez pris tellement d'avance, par le prodigieux de votre œuvre, sur votre part d'être (et bonheur et malheur) que vous ne mourrez jamais dans le cœur de ceux qui vous aiment. Vous survivrez. La mort n’a pas de prise sur les grands créateurs. Vous faites partie, d'une façon extrêmement privilégiée - comme un vieux sachem sioux ou un sâdhu Indien - du Grand Tout dont vous ramenez traces, indices, témoignages, du bout de vos crayons, pinceaux – mains yeux, un peu à l'image de ces mains d’Escher se dessinant elles-mêmes. En vérité, vous le savez, l’Etre vous parle secrètement, et pourtant très fort, et tout le temps, d’ailleurs, vous l'entendez, l’écoutez, le traduisez, l’apportez aux hommes, tel Zarathoustra descendant de la route d’Eze (vous, ce serait plutôt La Revere) et c'est cela le sens de votre vie. Et vous êtes dedans : je veux dire : dans votre œuvre, dans votre vie, dans l’être. Les soirs de désespoir viendront encore vous visiter et vous laisserons seuls et sans force pour les affronter, mais vous passerez l'épreuve est votre sapience vous donnera les clés du noir. Dans les moments les plus grands et les plus terribles, le miroir est notre meilleur ami, notre soutien à la fois le plus profond et le plus palpable. Le miroir, c'est nous qui nous tendons l'autre à nous-mêmes pour nous dire que nous sommes à la fois un et double, blanc et noir, hier et aujourd'hui, et que demain appartient à l'autre. À tous les autres. Fors à nous

 

Charlie Galibert (Extrait d’une correspondance avec Armand Scholtès)

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