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Minéral

Intuition et analyse de l'absence du temps chez Armand. Il y a certes un temps géologique, immense, antéhumain, mais ce n'est pas le temps de la création au sens d'une progression historique, de périodes différenciées ou successives. Sa géologie picturale ou crayonnante va et puise à la source même du temps, là où il s'est arrêté et cristallisé, minéralisé, là où la forme s'est pétrifiée en cristal, les structures dissipatives en formes, la morphogenèse en catastrophes topologiques. Ce n'est pas une recherche du temps perdu (comme Lord Dunsany, dans sa nouvelle sur la grotte de Kai (« le temps et les dieux »), mais du temps passé, arrêté, figé dans mille et mille formes - à l'infini

La structure que visite Armand, promeneur du plan topologique, voyageur structuraliste, c'est celle de la genèse achevée, n'ont pas la genèse en gésine des volcans et du feu liquide, mais celle qui lui succède, quand les hauts fourneaux de la création géologique refroidissent, que la lave prend en structures rocheuses, quand les montagnes donnent à voir leurs entrailles et leurs racines, quand le monde est nu, blocs de rochers, amas, montagnes avant même l'habillement des arbres en forêt, ou de la mer non encore advenue. Cette vie-là se mesure en millions d'années, s'appréhende hors temps, et seul le mouvement pris dans la matière donne une idée du temps - matière à réflexion. Traduction en peinture de la traduction en structure minérale du feu originel.

Charlie Galibert (Extrait du Codex Scholtensis)

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