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« C'est de sidération dont il s'agit. Sidération devant l'immensité, la diversité, la prodigalité de l'œuvre d'un artiste qui crée depuis ses 14 ans. Sidération devant chaque exposition, chaque série, chaque pièce, car il n'y a pas de commencement à cette activité d'une vie, sinon les forêts du Grand Est, le feu de la sidérurgie, l'exubérance de la Côte d'Azur.

 

Il n'y a pas de commencement - ni relatif, ni absolu, hors l’élan de cet homme (de l'homme) vers le monde et du monde vers lui (vers l'homme et cet homme). »

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« Armand est un visiteur de l’Etre, de l’infini, dont il ramène des bribes

Du coup, il ne s’agit pas de l’inscrire dans une tradition, une école, un flux, une histoire

Mais plutôt dans la flèche, d’abord de l’Être, en tant que devenir, ensuite du vecteur de sa propre sensibilité

Exemple rare de la double ouverture phénoménologique coïncidente et réciproque de l’homme au monde et du monde à l’homme – résonance ? Empathie ? co-pathie ?

Histoire de son enfance dans le monde de la sidérurgie, du voisinage du feu

C’est moins un peintre qu’un sidérurgiste qui a mal tourné

Enfant du feu

Avec une certaine culpabilité d’avoir trahi, abandonné ce monde-là. Et pourtant en restant d’une fidélité totalabsolue, militante. Armand est de toutes les marches, de toutes les manifestations, les solidarités, les souffrances. Armand est un homme qui peint en serrant les poings. Parfois en pleurant.

D’où sa fascination pour les formes du monde vivantes brulantes, dynamiques refroidies, filles de l’espace et du cosmos

Enfant des étoiles qui ramène le feu à son père dont il n’a pas suivi le destin sidérurgique »

« Ce qu’apprécie Armand dans notre relation/amitié, c'est la sensibilité que je lui manifeste en tant qu'homme, bien au-delà du créateur, et au fait qu'il me dit des choses qu’il ne dit à personne d'autre : l'image de son père et de ses oncles devant les hauts fourneaux lorrains, lorsque il n'avait que 14 ans, son père au milieu du feu, son travail de gagne-pain à deux pas du musée où il est encensé désormais et dont il parcourait les immenses salles quand il était petit, trichant pour entrer, se glissant sous le guichet, y passant des heures et des heures, son travail de factotum à l'institut des sourds-muets abandonnés par leurs parents et la misère et la souffrance.

 

Il s'est sorti de tout cela, a contredit le destin qui lui était promis d'être ouvrier de sidérurgie pour devenir artiste. Mais il garde en lui cette part très forte, vivante, intense, dont personne ne parle et qu'il ne dit à personne, cette part qui l’entraîne encore et encore à participer du monde ouvrier, à suivre toutes les manifestations. »

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« Il me raconte son enfance, petite maison à Moyeuvre-Grande, le père en 3 x 8 dont il fallait ménager le sommeil en jouant en silence, les Noëls à oranges, une pour son frère ainé, une pour lui, les petites boules de coton sur le sapin pour remplacer les boules et les guirlandes, papa devinant sa journée de travail à la simple ouverture de sa fenêtre, pleine vue sur l’usine, détruit par le travail à 68 ans, Armand acquérant très tôt la certitude d’une vie d’usine toute tracée, d’un destin sans destin et, un après-midi, faisant escapade en vélo vers le haut de la vallée et la lisière de la première forêt, se couchant sur le sol parmi les feuilles, malade de son avenir d’ouvrier, apercevant au-dessus de sa tête, les frondaisons, les branches s’agitant dans la lumière noyée par les crassiers de la sidérurgie, et se mettant à dessiner, dans sa tête, sur des feuilles, puis achetant des cartes postales, du papier, des chevalets, s’échinant à ne pas peindre le sujet unique qui faisait la petite renommée du petit peintre local : les cheminées, les usines - comme si les voir toute une vie ne suffisait pas, comme si on pouvait encore les supporter en peinture. »

Charlie Galibert

1960-1970 

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